Le Suminagashi : les origines extrême-orientales du papier marbré
L’histoire de la marbrure commencerait au Japon au XIIe siècle, avec le suminagashi.
Sumi « encre » et nagashi « qui flotte sur l’eau en mouvement ».
L'art du Suminagashi, extrêmement typique et original
L’art du suminagashi est intimement lié au papier et l’on sait l’importance que ce matériau revêt en Orient.
Le papier trouve en effet de nombreuses applications dans la vie quotidienne (cloisons, fenêtres, vêtements, …) et dans les cérémonies rituelles (on l’offre aux dieux dans les temples, on le brûle lors de funérailles).
Depuis les temps les plus anciens, le papier a toujours été, en Asie, le support le plus populaire de la calligraphie et de la peinture. L’art du suminagashi s’inscrit dans cette tradition.
Au XIIe siècle
D’abord le dessin ne recouvre qu’une partie de la page, à savoir le coin supérieur droit, le reste étant réservé à la calligraphie, à la poésie, à la correspondance. Plus tard, le dessin recouvre toute la page et sert de fond à la calligraphie. Les couleurs claires et délicates des suminagashis, conviennent fort bien à cet usage.
Vers le milieu du XVe siècle
À l’époque où la cérémonie du thé se développe, on décore parfois les cloisons avec des suminagashis.
À la fin du XIXe siècle
On marbre la soie pour en faire des vêtements, des ombrelles et des petits sacs. C’est à cette époque que le monde occidentale découvre le suminagashi à l’occasion d’une exposition à Tokyo en 1881.
Aujourd'hui
Le suminagashi se retrouve sur des cartes de voeux, du papier à lettres… En reliure, on l’utilise en couverture des livres ou en pages de garde. En décoration, c’est du papier de tapisserie ou de garniture pour l’ameublement. Et, un autre usage, connu depuis les temps les plus anciens, est la décoration des poteries.
Techniquement, le processus consiste à faire flotter de l'encre sur de l'eau pour en décorer une feuille de papier.
La flottaison de l'encre
Sur un bain d’eau claire, on dépose une goutte d’encre (encre sumi, encre de chine traditionnellement de couleur noire) à la surface de l’eau, à l’aide d’un pinceau en alternance avec une goutte de dispersant, un corps gras (medium aquarelle, photo-flo, liquide vaisselle), déposé avec un autre pinceau au milieu de la goutte d’encre.
La couleur s’étale et forme des ondes concentriques, des motifs comme ceux d’une pierre en marbre naturelle. Il est possible de souffler légèrement sur la surface de l’eau et les couleurs sont ainsi entraînées en des mouvements délicats.
La décoration du papier
Lorsque le motif formé est satisfaisant, on pose délicatement la feuille de papier sur la surface de l’eau afin d’éviter les bulles. Le papier absorbe l’encre. La feuille est ensuite mise à sécher.
La pratique de cet art, qu’est le suminagashi, est libérateur. Délicate et méditative, cette pratique oblige à un certain lâcher prise très bénéfique.
Après séchage, je m’approprie ces créations que j’intègre dans la reliure de mes carnets, cahiers,… Le champ des possibles est ouvert… De nouveaux projets créatifs devraient voir le jour prochainement…